Quand je vivais à Venise, une rengaine éternelle a inspiré mon premier roman.
Mieux qu’une histoire d’amour, c’était la rengaine des histoires.
Fou comme on les aime ! Y compris pour en raconter, s'en raconter, ou en être oublieux. Au point de guider sa vie avec des œillères faites de celles qu'on préfère.
Elles sont un des plus étonnants dénominateurs communs de l’humanité.
Une fois qu’on l’a remarquée, cette rengaine apparaît partout de rencontres en lectures, de choses vues, vécues à ce qui émerge en séances de coachings et c’est même, cerise, le cœur des pratiques narratives. De quoi se régaler d'aventures.
Parmi les ondes de chocs de la pandémie en cours, les histoires se trouvent aussi au cœur d’un paradoxe.
D’un côté, une ruée vorace de tous les confinés de la Terre vers les fictions télévisées, en ligne, en livres ou toute autre création.
Au point qu'enfin les librairies sont autorisées à ouvrir dans le confinement 3.0, et les plates-formes de vidéos streaming engrangent des recettes de plus en plus impressionnantes. Tels des navires pirates elles font maintenant grimper les enchères à coups de ponts d'or pour s'approprier des productions parfois même pas encore réalisées (Les Echos du 2 mars ‘La guerre des contenus a bien lieu').
De l’autre côté on perçoit vaguement un malaise.
Les auteurs, sources premières de cette denrée essentielle, continuent de galérer, voire se meurent. La récente cérémonie des Césars faisait une large place au désespoir du monde de la culture, premier serviteur de ces histoires. En creusant un peu on découvre que l’affaire ne date pas de 2020.
Dans un business déjà juteux qui fleurit en pandémie, au pays où la culture est adulée, la contribution créative des auteurs n’a pas une reconnaissance claire. Le sort du rapport Racine en a ému plus d’un, dont Joann Sfar (père des Chats du Rabin et autres joyeusetés) qui finissait par écrire avec beaucoup moins d'humour son coup de gueule à l'institution qui est sensée les représenter (la Société des Gens de Lettres).
Même quand une série fine comme En thérapie se distingue, on apprend que les scénaristes - largement à l'origine de ce succès - doivent claquer la porte à force de reconnaissance artistique minorée.
En gros : tout le monde se fout de ce qui arrive aux auteurs, mais est assoiffé de leurs histoires par ailleurs. C'est peut-être la marque de notre temps qui sert jusqu’au bout un principe, et un seul, au détriment de tous les autres. Choisi bien ton camp citoyen !
Malgré ce contexte mitigé avec l'exception française, pour tous et tout le temps, c’est la même rengaine. Du plus savant érudit au plus innocent habitant d’une tribu primitive, l’humain ne sait pas vivre sans histoires. Et ce sont elles qui façonnent nos vies, nos liens, nos croyances.
Ecrire ces histoires ou s’en abreuver n’est pas une question de succès. C’est un besoin qui rend meilleur en ce qu'il relie à l'autre. L'autre monde de l'autre personne, plus ou moins connue. C’est aussi pourquoi je vous soufflais cette astuce théâtrale dans ma dernière lettre de coach.
Elle était inspirée de l'excellent Ted Talk de Cara Greene Epstein, actrice et auteure qui délivre sa bombe d'inspiration dans un stade vide de Chicago : même en pandémie, en guerre ou quand un empire chute, le théâtre survit. Vous pouvez aussi le faire vivre à votre niveau et passer de l’autre côté de la scène, pour vous inspirer les uns les autres.
Autre possibilité : rendez-vous en mentoring d'écriture avec moi pour ceux qui ont envie d'aller plus loin. ✨
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